Axe 3 : Technologies et transformation du travail

Cet axe est construit en partenariat avec la Chaire Immersion générative de Mines Paris PSL, dirigée par Cédric Dalmasso.

Les vagues technologiques se succèdent à grande vitesse, sans que soient pris en compte la capacité des travailleurs à suivre le rythme, et le temps nécessaire pour métaboliser les technologies dans leurs pratiques de travail réel. Chaque vague offre en effet les mêmes promesses : une plus grande productivité conjuguée à une meilleure satisfaction au travail et à une « augmentation » du travailleur. Pourtant, elles se heurtent à de nombreuses désillusions et ne produisent que rarement les gains de productivité escomptés, illustrant encore et toujours le paradoxe de Solow selon lequel « on voit des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques de productivité ». Tout simplement parce que les outils n’ont aucun pouvoir de structurer par eux-mêmes les pratiques de travail : tout dépend des intentions stratégiques, des modes de déploiement et des usages collectifs qu’en font les travailleurs.

1. Numérique collaboratif
Le développement du travail à distance (22 % des salariés du privé et 63 % des cadres, en 2024, source : INSEE) a favorisé le déploiement d’une nouvelle vague d’outils numériques, dits collaboratifs, dans les organisations. Quels en ont été les effets les plus visibles sur l’organisation du travail et la satisfaction des collaborateurs ?
À travers des enquêtes de terrain, cette étude a mis au jour les résultats ambivalents que l’utilisation de ces outils produit sur l’organisation du travail. Leurs usages non régulés engendrent de nombreux effets pervers : surcharge cognitive, intensité perçue du travail, hyper-connexion, infobésité… L’installation de pratiques innovantes et adaptées au contexte du travail hybride exige de nouvelles formes de régulation multiscalaire des usages (individuelle, managériale, collective et institutionnelle), fondées sur une mise en débat du « travail réel » au sein des équipes.
Publication : Numérique collaboratif et organisation du travail : au-delà des promesses (S. Canivenc et M.-L. Cahier, 2023)

2. Intelligence artificielle générative
Depuis la fin de l’année 2022 et la sortie de ChatGPT, la déferlante médiatique sur les IA Génératives a été omniprésente au point de donner le vertige. Le marketing technologique de la part des États, des Big Tech et autres fournisseurs de solutions est si intense que le futur du travail paraît aujourd’hui indissociable d’un quotidien avec les IAGen.
Une première étude qualitative menée par la chaire FIT2 dans deux cabinets conseil a permis de décrire l’impact du déploiement des IAGen sur le quotidien de travail de professionnels hautement qualifiés. L’étude a analysé les effets produits par les outils d’IAGen sur 8 critères : interactions humain-machine, sentiment d’efficience, autonomie et travail collectif, charge de travail, rôle du management, montée en capacité au poste, sens du travail, satisfaction au travail. Ces critères font apparaître autant de points de vigilance à garder en tête lors du déploiement de ces technologies, afin de préserver la qualité du travail humain.
Publication : Travailler avec les IA génératives : outil bureautique ou game-changer ? Enquête dans les métiers du conseil (M.-L. Cahier et P. Quesson, 2025)

L’étude se poursuit par l’investigation des effets des IA génératives sur le travail créateur dans les industries culturelles et créatives (ICC). L’un des premiers résultats obtenus est l’émergence du concept de « Alone Teamwork », qui rend compte d’une IA considérée comme un partenaire créatif, réduisant ainsi le besoin pour un artiste ou un créateur de recourir à des partenaires humains, avec des effets possibles sur les processus d’innovation. Voir article : The rise of “Alone Teamwork”: Unveiling the transformations in the creation process of artists using Generative Artificial Intelligence tools (N. Ricci, T. Guyon et S. Hooge, 2025)