Depuis la parution des livres de Laloux et Getz il y a plus d’une dizaine d’années, on pensait l’intérêt pour les modèles d’organisation autonomisante un peu retombé. En réalité, de nombreuses entreprises n’ont jamais cessé d’investiguer ces modèles avec des résultats, il est vrai, assez variables. Aujourd’hui, après la crise Covid, avec les difficultés de recrutement palpables dans certains secteurs (notamment dans les métiers industriels), avec le désengagement d’un grand nombre de salariés par suite de réoganisations permanentes et d’insatisfactions multiples, avec la nécessité d’évoluer vers des organisations plus agiles et réactives, la question de l’autonomie et de la responsabilisation des salariés reste plus que jamais d’actualité. Comme le souligne Jean-Dominique Senard, préfacier engagé de cette note, « seulement 24 % des Français disent que le travail est aujourd’hui important dans leur vie (ils étaient 60 % à le penser dans les années 1980) et 54 % pensent que le travail est plus une contrainte qu’un épanouissement (5 points de plus qu’en 2006) ». À certaines conditions de mise en œuvre, l’OR représente une manière de sortir de ces paradoxes et de proposer à tous un travail plus épanouissant.

Le grand mérite de cette étude est de montrer que le chemin pour y parvenir n’est effectivement pas simple, mais qu’il existe des voies prometteuses, à condition d’avoir une vision de long terme et une réflexion amont très poussée. Rome ne s’est pas faite en un jour, et les OR non plus.

Issu d’un groupe de travail réuni par la Chaire FIT2, sous la direction de Pierre Bocquet et de François Pellerin, anciens responsables de sites industriels et spécialistes de l’excellence opérationnelle, cet ouvrage propose une « boussole » pour la conception et la mise en œuvre d’une OR, afin de répondre  à trois questions : une OR, pourquoi faire ? sur quoi agir ? et comment ?

« Boussole, nous dit encore Jean-Domnique Sénard, le mot est bien choisi. La responsabilisation est bien une boussole, que les dirigeants et les managers doivent toujours avoir en poche pour mieux surmonter les détours, les fausses pistes et les impasses qui ne manquent pas de ralentir et parfois décourager la route vers la responsabilisation ». Le jeu en vaut la chandelle, car les fruits de la responsabilisation sont tout à fait exceptionnels, et se mesurent sur le long terme en performance économique et financière, en capacité d’innovation, en fidélisation et motivation des équipes.

« L’entreprise responsable, c’est aussi l’entreprise qui responsabilise, car l’organisation responsabilisante est le seul chemin possible de la performance durable » conclut Jean-Dominique Senard.

Les 5 dimensions de la boussole de la responsabilisation