Morceaux choisis de cette grande interview à retrouver dans son intégralité sur le site de Metis Europe
« La technologie consiste à résoudre un problème concret, en mobilisant et en combinant toutes les connaissances utiles, par ce que Lévi-Strauss appelait un bricolage, bris-collage. Je considère que l’organisation de l’action collective, c’est-à-dire le management, est avant tout une technologie, même si certains lui cherchent des fondements scientifiques. Il arrive, plus souvent qu’on ne l’enseigne, que les connaissances fondamentales soient développées à l’occasion de la résolution d’un problème pratique. C’est ce modèle de recherche orientée que l’école des mines avait développé dès les années 1960, en s’inspirant d’exemples comme le MIT. »
« Ce n’est pas l’industrie qui n’attire pas, ce sont les usines. Malgré toutes les évolutions positives, l’image de l’industrie reste liée à une vision passéiste de l’usine. 90 % des gens ne travaillent pas dans l’industrie, beaucoup d’enseignants ou de conseillers d’orientation ne sont jamais entrés dans une usine. Il y a par ailleurs en France une dévalorisation des métiers manuels, alors même que les compétences intellectuelles des opérateurs sont de plus en plus sollicitées, surtout dans les entreprises qui leur donnent plus d’autonomie et de responsabilités. Ne pas avoir deux mains gauches n’empêche pas d’avoir un cerveau. »
« Certains professent que grâce à des technologies plus efficaces on arrivera au découplage permettant une croissance »verte » compatible avec la réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre à laquelle l’Europe s’est engagée. D’autres misent sur la sobriété et se méfient des technologies. L’Académie renvoie dos à dos les technosolutionnistes et les technophobes en expliquant qu’il faudra à la fois investir dans l’efficience et la production d’énergie bas carbone et changer la structure de notre consommation si nous voulons être à la hauteur des enjeux. Laisser chacun promouvoir de manière simpliste une voie insuffisante et dénigrer les autres favorise une inaction que nous ne pouvons plus nous permettre.»
« Il faut garantir aux citoyens l’accès à une information qualifiée, dont ils peuvent connaître la source et juger eux-mêmes la fiabilité et la pertinence. Chaque institution qui émet des informations doit construire la confiance du public par la rigueur de ses processus d’expertise et d’expression. C’est un travail titanesque auquel chacun peut contribuer. Comme l’exprimait John Stuart Mill en 1867, « les hommes méchants n’ont besoin de rien de plus pour parvenir à leurs fins, que d’hommes bons qui contemplent sans intervenir« ».