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Radio classique : Entretien avec Thierry Weil

Radio classique : Entretien avec Thierry Weil

180 grands patrons étrangers réunis au Château de Versailles le 13 mai 2024 autour d’Emmanuel Macron pour la 7e édition du Sommet Choose France. Pourquoi sont-ils là ? Eclairages de Thierry Weil au micro de Radio Classique, Journal de l’Economie.
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Radio Classique : Viennent-ils pour la carte postale ? Un selfie dans la galerie des glaces ? Les déclarations d’amour de l’exécutif français ? Ou les preuves d’amour type baisse d’impôt, baisse du coût du travail, flexibilité ? 180 grands patrons étrangers seront en tout cas au château de Versailles toute la journée autour d’Emmanuel Macron. Bonjour Thierry Weil. Vous êtes professeur à Mines Paris Tech, titulaire de la chaire Futur de l’Industrie et du Travail. C’est la 7ème édition déjà de ce sommet de Choose France, qu’est-ce qui fait qu’il continue de fonctionner ?

Thierry Weil : L’idée d’un sommet, c’est un peu d’attirer l’attention de tout le monde, à la fois des investisseurs étrangers potentiels, mais aussi, pour qu’on en parle à la radio et que tous les Français s’intéressent au sujet.

Le regard des grands patrons étrangers sur la France reste-t-il aussi positif aujourd’hui, après la hausse des prix de l’énergie, les émeutes de l’été dernier, les difficultés à réformer sans majorité au Parlement ?

TW : Oui, et ce malgré tout ce que vous venez de mentionner. La preuve d’ailleurs, c’est que par rapport à d’autres pays, on observe une certaine fidélisation, c’est-à-dire que beaucoup d’investissements étrangers sont des extensions d’usines par exemple, donc des gens qui ont déjà fait le choix il y a quelques années d’investir en France et qui finalement sont satisfaits et décident de renforcer leur présence.

Est-ce qu’il y a toujours aussi, on avait parlé d’un effet Macron, une curiosité sur le personnage lui-même pour les dirigeants de groupes étrangers ?

TW : Je ne saurais pas répondre à la question concernant le Président. Je pense que ce qui porte, c’est surtout une certaine continuité de la politique française à travers les gouvernements successifs et un consensus sur un certain nombre de choses. Le fait que les différents dirigeants français qui se sont succédé ont tous fait le choix d’une ouverture à l’Europe, ont tous fait le choix à l’intérieur de cette ouverture à l’Europe d’être plus attentifs à rendre l’offre compétitive et pas seulement à distribuer du pouvoir d’achat qui se traduit souvent par des importations, c’est-à-dire que les gens utilisent des matériels électroniques fabriqués en Asie par exemple. Et puis, plus récemment, en lien avec la crise Covid, une importance donnée à la souveraineté.

Les data centers, l’intelligence artificielle, le quantique sont au programme des annonces d’investissement aujourd’hui, c’est dans la ligne des grands sujets technologiques du moment. Qu’est-ce qui rassure le plus les étrangers ?

TW : Ce qui rassure le plus les investisseurs étrangers, c’est surtout le mix énergétique français. C’est-à-dire qu’on peut imaginer que face à l’impératif du changement climatique, on va enfin finir par pénaliser les modes de production qui émettent le plus de gaz à effet de serre. Et là, la France a une énorme avance en Europe, 1 kWh d’électricité produit en France émet 60 grammes de CO2, alors que la moyenne européenne est à 320, c’est-à-dire plus de 5 fois plus. Donc je pense que les investisseurs se disent qu’à terme, on leur demandera des comptes sur leur contribution au dérèglement climatique ou on pénalisera fortement, on taxera leurs émissions et que s’ils produisent en France, ils seront mieux placés.

Et quels sont les autres atouts de la France pour attirer les investisseurs ?

TW : D’abord, une main d’œuvre compétente et motivée, certes plus chère que dans d’autres pays européens, mais qui aiment le travail malgré tout ce qu’on dit. Toutes les enquêtes internationales le montrent, les Français sont très attachés à leur travail. Ils râlent, mais ils travaillent, et ils râlent d’autant plus qu’ils attendent beaucoup de leur travail. C’est aussi une qualité des infrastructures, même si on peut craindre que certaines se dégradent, et notamment des infrastructures énergétiques, puisque la France avait historiquement pris de l’avance dans la sortie de la dépendance aux énergies fossiles.

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